Jeremy Mercier, 8 juillet 2012, Oxford

Jeremy Mercier, 8 juillet 2012, Oxford

« Chloé, dit-elle, toi, l’image, approche » ; Chloé, Vera, Lou ou Claire, n’ont de cesse de revenir en mémoire à chaque montée d’escaliers. Ces exclamants fantomatiques, à la peau de cire, qui tendent une main ont pourtant le regard rempli de soupçons. Entre postures fantomatiques et tournures d’anges, d’où viennent ces corps, ces traits étoilés, ces grains d’harmonie. Nushka leur offre des marches, des escaliers, des draps, des chaises, des pierres et des poutres, pour les faire tourner, prendre soin d’eux, les mettre en avant, les renverser. Ils volent mais elle ne les regarde plus qu’en tant qu’énigmes de la vie moderne, Lucian Freud n’ayant pas tout résumé. Mais nous sommes à Paris, et ces escaliers sont stendhaliens, ils grimpent jusqu’aux nuages, entrent dans une peinture sourdante d’un lieu sous terre – écho du monde social d’Orphée – sur des tableaux désarmants, une réalisation pulsionnelle qui enlève, frappe, saisit ; c’est un labyrinthe de peintures naissant, une matrice inamovible formalisée en un palladium de trois volontés : hostinato rigore, douceur, légèreté. Jenny Saville, à Oxford, nomme aussi la fabrication d’une œuvre d’un terme étrange avant de laisser chacun s’exclamer: les belles choses, les désarmantes, se font sans tenir de compte ; et ces lambeaux d’étoiles de Nushka, de tissus et de peaux, côtoyant un si fort besoin de tracer et de scier le temps, transportés de toits en toits, donnent mille feux à une œuvre qui montre, pas à pas, d’une beauté irisée, ce que peut la peinture : former le désir au goût de l’éternité.